Bateaux de la mort : Les frontières qui tuent et la justice perdue (Communiqué de presse conjoint)

قوارب الموت

Liban 6 février 2023 - Le 6 février a été déclaré Journée mondiale d’action commémorative pour les morts, les disparus et les disparus forcés en mer et aux frontières.

À cette occasion, les organisations locales et internationales de la société civile mentionnées ci-dessous appellent tout le monde à se souvenir des tragédies de ceux qui sont morts et ont disparu en tentant de traverser les mers et les frontières du monde entier, en particulier les migrants sans papiers qui ont subi un sort tragique en essayant de quitter le Liban au cours des dernières années.

Le nombre de migrants sans papiers qui ont décidé de traverser la mer a augmenté en raison de l’aggravation de la crise économique au Liban, des conditions de vie difficiles des Libanais et des réfugiés, et des obstacles logistiques et financiers à la migration légale depuis le Liban.

Un rapport de l’UNICEF de 2022 a révélé que 30% des jeunes (âgés de 15 à 24 ans) ont interrompu leurs études pour chercher un emploi, tandis que 41% d’entre eux ont estimé que quitter le Liban était la seule chance qu’ils avaient de mener une vie meilleure.

Les chiffres indiquent que le nombre de Libanais cherchant à migrer n’a cessé d’augmenter depuis le début de la crise économique en 2019. Selon le HCR, les départs par la mer du Liban ont augmenté depuis 2020 : 38 bateaux transportant plus de 1500 passagers ont quitté le Liban, et plus de 75% d’entre eux ont été refoulés.

Le 23 avril 2022, un bateau transportant environ 84 personnes a coulé au large des côtes de Tripoli, au Liban. L’ONU a indiqué que les passagers étaient de nationalités libanaise, palestinienne et syrienne, et comprenaient des familles avec enfants et nourrissons. L’armée libanaise a annoncé que 45 passagers ont survécu, sept corps ont été retrouvés, dont un bébé de 40 jours, tandis que les autres passagers sont toujours officiellement portés disparus. Un sous-marin Pisces VI a commencé sa mission de recherche le 22 août et, en deux jours, a localisé l’épave à une profondeur d’environ 450 mètres. Ils ont trouvé les restes d’au moins 10 victimes, tandis que d’autres sont toujours portées disparues.

Le 21 septembre 2022, un bateau transportant environ 150 personnes a coulé au large de l’île d’Arwad, à côté de la côte de Tartous, en Syrie. Le bateau se dirigeait vers l’Europe depuis le nord du Liban. Les opérations de recherche et de sauvetage ont confirmé qu’au moins 70 personnes sont mortes. Les rapports indiquent que 20 survivants, qui ont nagé avec succès jusqu’au rivage, ont été transférés dans un hôpital de la ville de Tartous, en Syrie. Parmi eux se trouvait un ressortissant libanais qui a ensuite été arrêté par les autorités syriennes et a disparu de force jusqu’à ce qu’il soit remis aux autorités libanaises le 30 novembre 2022.

Le 31 décembre 2022, l’armée libanaise, en coopération avec la FINUL, a secouru plus de 200 migrants après qu’un bateau les transportant a coulé au large de la région de Selaata au Liban. La plupart d’entre eux seraient des Syriens, et deux corps auraient été retrouvés. Après avoir été secourus, la plupart d’entre eux ont été illégalement expulsés et remis aux autorités syriennes.

En conséquence, les organisations soussignées exhortent les autorités libanaises et la communauté internationale à :

- Mener des enquêtes indépendantes, impartiales, rapides, complètes et efficaces sur le naufrage du bateau au large de la ville de Tripoli le 23 avril 2022, et récupérer les dépouilles de tous les passagers disparus,

- Respecter le principe de non-refoulement des réfugiés et mener une enquête indépendante, impartiale, rapide et approfondie sur les allégations de retour forcé de réfugiés syriens, en particulier après avoir été secourus du bateau qui a coulé le 31 décembre 2022,

- Offrir aux réfugiés des possibilités de réinstallation rapide,

- Fournir un soutien médical et psychologique aux personnes secourues,

- Organiser des campagnes de sensibilisation des citoyens, des résidents et des réfugiés sur les dangers de la migration clandestine, et poursuivre les réseaux de traite des êtres humains,

- Rechercher des alternatives sûres et légales pour prévenir la migration sans papiers, soutenir les moyens de subsistance et améliorer l’accès aux services dans les communautés vulnérables,

- Assurer la liberté de mouvement et permettre l’obtention d’un passeport libanais sans délai, comme stipulé dans la constitution libanaise et l’article 12 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Liste des signataires:

- Centre d’accès pour les droits de l’homme (ACHR)

- Liban actif (Norvège)

- Fondation Alkarama

- Centre d’études juridiques Cedar

- EuroMed Rights

- Fondation Helping Hands

- MENA Rights Group

- Le Centre libanais pour les droits de l’homme (CLDH)

- L’Institut libanais pour la démocratie et les droits de l’homme (LIFE)

- Union des juristes musulmans au Liban

- Zaza Consulting